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  Louis Aragon et Elsa Triolet 

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Citations Aragon

ABSOLU 
 
Qui a le goût de l'absolu renonce par là au bonheur (Aurélien)  
 
AMOUR  
 
En étrange pays dans mon pays lui-même, je sais bien ce que c’est qu’un amour malheureux (La Diane française)  
 
L’histoire et mon amour ont la même foulée (Le Crève-cœur)  
 
Il est plus facile de mourir que d’aimer, c’est pourquoi je me donne le mal de vivre… Mon amour (Elsa)  
 
Je suis plein du silence assourdissant d'aimer.(Le fou d’Elsa)  
 
Le plus complet abandon règne dans l'amour (Extrait de la revue Littérature - Décembre 1920)  
 
Les raisons d'aimer et de vivre varient comme font les saisons (Les yeux d’Elsa)  
 
Il n'y a pas d'amour heureux (La Diane française)  
 
L’amour est ta dernière chance. Il n’y a vraiment rien d’autre sur la terre pour t’y retenir (Anicet ou le Panorama, roman)  
 
AUBE 
 
Toute aube est pour quelqu'un la peine capitale 
A vivre condamné que le sommeil trompa (La Diane française)  
 
AVENIR  
 
J’ai réinventé le passé pour voir la beauté de l’avenir (Le fou d’Elsa)  
 
L'avenir à chaque instant presse le présent d'être un souvenir. (Houra l’Oural)  
 
L’avenir c’est ce qui dépasse la main tendue (Le fou d’Elsa)  
 
L'avenir de l'homme, c'est la femme. 
Elle est la couleur de son âme - Elle est sa rumeur et son bruit - Et sans Elle, il n’est qu’un blasphème (Le fou d’Elsa) 
 
BETISE  
 
On peut mesurer l'influence et la force d'un esprit à la quantité de bêtises qu'il fait éclore (Traité du style)  
 
CHANT  
 
Je chante parce que l’orage n’est pas assez fort pour couvrir mon chant (Les yeux d’Elsa)  
 
On pourra m’ôter cette vie, mais on n’éteindra pas mon chant (Les yeux d’Elsa)  
 
Jamais peut-être faire chanter les choses n’a été plus urgente et noble mission à l’homme (Le Crève-cœur)  
 
CHOIX  
 
Tu n’as pas eu le choix entre l’âge d’or et l’âge de pierre (Le Roman Inachevé)  
 
COEUR  
 
Le cœur humain n’a pas changé - Il est aussi fou sinon pire - Qu’il était aux jours de Shakespeare (Le Crève-cœur)  
 
CRITIQUE  
 
La critique c’est le bagne à perpétuité (Traité du style)  
 
La critique devrait, en matière de littérature, être une sorte de pédagogie de l’enthousiasme (J’abats mon jeu)  
 
Je demande à ce que mes livres soient critiqués avec la dernière rigueur, par des gens qui s'y connaissent, et qui sachant la grammaire et la logique, chercheront sous le pas de mes virgules les poux de ma pensée dans la tête de mon style. Parfaitement. Chaque ligne peut servir de prétexte à une infinie quantité de notes en petits caractères (Traité du style)  
 
DESTINEE  
 
Si j’ai fait seulement que quelqu’un ait entendu dans cet ensemble disparate que je le lui propose, le TRAGIQUE de notre destinée (Avec Aragon)  
 
Tout homme a le destin de l’étincelle (Elsa)  
 
DIRE  
 
Qui dit -j’ai mal- Oublie les autres (Les Adieux)  
 
Il ne suffit pas de se taire, il faut savoir dire autre chose (Les Adieux)  
 
O tout ce que je ne dis pas 
Ce que je ne dis à personne 
Le malheur c'est que cela sonne 
Et cogne obstinément en moi (Le fou d’Elsa)  
 
Tout le monde imite. Tout le monde ne dit pas. (Préface : Les yeux d’Elsa)  
 
ECRIRE  
 
Bien écrire, c'est comme marcher droit (Traité du style)  
 
Je crois encore qu'on pense à partir de ce qu'on écrit et pas le contraire (Je n’ai jamais appris à écrire)  
 
ELSA  
 
Je suis sourd à toute plainte qui n’est pas de ta bouche - Je ne comprends des millions de morts que lorsque c’est toi qui gémis (Elsa)  
 
Tes yeux sont si profonds que j'y perds la mémoire (Les yeux d'Elsa)  
 
ENFER  
 
L’enfer existe. Il est la part du plus grand nombre (Les Yeux et la Mémoire)  
 
FEMME  
 
Une femme c’est une porte qui s’ouvre sur l’inconnu (Le Roman Inachevé)  
 
Rendez-moi rendez-moi mon ciel et ma musique. Ma femme sans qui rien n’a chanson ni couleur (Le Crève-cœur)  
 
FIRMAMENT 
 
Trop peu d'un firmament pour des millions d'astres (Les yeux d'Elsa)  
 
FRANCE  
 
En France tout finit par des fleurs de rhétorique (Le Libertinage)  
 
GENIE  
 
Le propre du génie est de fournir des idées aux crétins une vingtaine d’années plus tard (Traité du Style)  
 
GOUVERNER  
 
Il s'agit de savoir comment on gouvernera. Depuis toujours, il n'y a que deux méthodes : la force ou la ruse (Les Beaux Quartiers)  
 
HEUREUX  
 
Heureux celui qui se jette au bout de lui-même (Les Adieux) 
 
HOMME  
 
Rien n’est jamais acquis à l’homme (La Diane française)  
 
Songez qu'on n'arrête jamais de se battre et qu'avoir vaincu n'est trois fois rien 
Et que tout est remis en cause du moment que l'homme de l'homme est comptable (Les Poètes)  
 
Les hommes, j’entends les hommes qui ont l’espoir de la victoire de l’homme, jugent des phares à leur clarté, et non à l’ombre qui tourne après elle (Littératures soviétiques)  
 
Un homme c’est un jeu de cartes battues (Elsa)  
 
L’homme seul n’a pas de visage - Il n’est que vitre pour la pluie - Et les pleurs que l’on voit sur lui - Appartiennent au paysage (Les Adieux) 
 
L’homme ne vit pas que de pain (Les Adieux)  
 
L’homme change bien moins que ne changent ses armes (Le Crève-cœur)  
 
Un livre n’est pas écrit une fois pour toutes : quand il est vraiment un grand livre, l’histoire des hommes y vient ajouter sa passion propre (Littératures soviétiques)  
 
L'homme n'est pas la négation de l'enfant, mais son développement, et malheur à qui veut barrer ce qu'il fut ! (Le Libertinage)  
 
La parole n'a pas été donnée à l'homme : il l'a prise (Le Libertinage)  
 
HONTE  
 
Honte à ceux qu’un ciel pur ne fait pas soupirer - Honte à ceux qu’un enfant tout à coup ne désarme - Honte à ceux qui n’ont pas de larmes (Les yeux d’Elsa)  
 
JEUNESSE  
 
Comme il a vite entre les doigts passé - Le sable de la jeunesse - Je suis comme un qui n’a fait que danser - Surpris que le jour naisse (Le Roman Inachevé)  
 
Un beau soir l’avenir s’appelle le passé. C’est alors qu’on se tourne et qu’on voit sa jeunesse (Le nouveau Crève-cœur)  
 
LIBERTE  
 
On se croit libre alors qu’on imite(Le Roman Inachevé)  
 
Nous étions faits pour être libres - Nous étions faits pour être heureux - Le monde l’est lui pour y vivre - Et tout le reste est de l’hébreu. (Elsa)  
 
L'absolue liberté offense, déconcerte (Germaine Berton)  
 
Je me croyais libre sur un fil d’acier quand tout équilibre vient du balancier (Le voyage de Hollande)  
 
LITTERATURE 
 
La littérature est une affaire sérieuse pour un pays, elle est, au bout du compte, son visage (J’abats mon jeu)  
 
LUMIERE  
 
De la femme vient la lumière (Le Roman Inachevé)  
 
Il n'y a pas de lumière sans ombre (J’abats mon jeu)  
 
MOI  
 
Je ne suis pas de ceux qui trichent avec l’univers - J’appartiens tout entier à ce troupeau grandiose et triste des hommes - On ne m’a jamais vu me dérober à la tempête (Elsa)  
 
J’ai toujours dit sans prudence au grand jour mes pires pensées - Et je ne me suis pas retiré quand on est venu me cracher au visage (Elsa)  
 
Ma parole n’est qu’une excuse à l’impudeur de l’âme - Un masque où le regard trahit seul sa profonde contrée (Les Adieux)  
 
Et le pis est qu’à tous les pas je heurte contre ce que j’aime (Le Roman Inachevé)  
 
Je préférais ne prendre rien à prendre une chose imparfaite (Le Roman Inachevé)  
 
Il est inutile de geindre - Si l’on acquiert comme il convient - Le sentiment de n’être rien - Mais j’ai mis longtemps pour l’atteindre (Le Roman Inachevé)  
 
Tout idée a besoin pour moi d’un contre-pied - Je ne puis supporter les vérités admises (Le Roman Inachevé)  
 
J’ai toujours, pour moi, préféré le prestidigitateur qui brûle ses tours sitôt faits en les expliquant au public, à ceux qui tiennent si fort à leurs pauvres inventions qu’ils prétendent les garder pour eux. Les premiers sont plus généreux ou plus riches. (Les yeux d’Elsa)  
 
Je n’ai jamais rien demandé à ce que je lis que le vertige (J’abats mon jeu)  
 
Je ne serai pour personne une excuse, pour personne un exemple (Le Libertinage)  
 
Tout ce qui n'est pas moi est incompréhensible. (Extrait de la revue Littérature - Mai 1920)  
 
MONDE  
 
Mon Dieu ! Comme le monde est encore jeune et beau ! (Préface à la traduction française de Michael Kolhaas)  
 
MORT  
 
Quand il faudra fermer le livre - Ce sera sans regretter rien - J’ai vu tant de gens si mal vivre - Et tant de gens mourir si bien (Le Crève-cœur)  
 
Il y a plusieurs manières de se tuer : l'une est d'accepter absurdement de vivre (Théâtre/Roman)  
 
MOT  
 
Les mots m’ont pris par la main (Le Roman Inachevé)  
 
C’est un grand moment de la vie d’un peuple que celui ou tout le monde, ou presque tout le monde, s’applique à employer les mots dans leur sens véritable (Servitude et Grandeur des Français)  
 
Vous direz que les mots éperdument me grisent et que j’y crois goûter le vin de l’infini (Les Yeux et la Mémoire)  
 
NEANT  
 
Il faut regarder le néant en face pour savoir en triompher (Les Poètes)  
 
NUIT  
 
L’existence après tout n’est qu’une nuit plus longue - Mais qui n’a point la fin d’une aube (Les Adieux)  
 
Il faut bien accepter ce qui nous transfigure - Tout orage a son temps - toute haine s’éteint - Le ciel toujours redevient pur - Toute nuit fait place au matin (Le Roman Inachevé)  
 
Nous savons maintenant ce que c'est que la nuit. Ceux qui s'aiment d'amour n'ont qu'elle pour adresse (Les yeux d’Elsa)  
 
Je veux qu’un jour vienne où, regardant notre nuit, les gens y voient pourtant briller une flamme, et quelle flamme puis-je aviver sinon celle qui est en moi ? (Les yeux d’Elsa)  
 
PARADIS  
 
Paradis artificiels. C'est un pléonasme (Traité du style)  
 
PARIS  
 
Paris de nos malheurs - Paris du Cours-la Reine - Paris des Blancs-Manteaux Paris de Février - Du Faubourg Saint-Antoine - aux coteaux de Suresnes - Paris plus déchirant qu’un cri de vitrier(Les yeux d’Elsa)  
 
PASSION  
 
Il y a une passion si dévorante qu'elle ne peut se décrire Elle mange qui la contemple (Aurélien)  
 
POESIE  
 
Plus le poème est court, plus il entre en la chair (Les Adieux)  
 
Le poème a comme la vie un caractère d’insomnie (Le Roman Inachevé)  
 
Il n’y a pas de poésie, si lointaine qu’on la prétende de circonstance, qui ne tienne des circonstances sa force, sa naissance, son prolongement (Chronique du Bel canto)  
 
C’est à la poésie que tend l’homme. Il n’y a de connaissance que du particulier. Il n’y a de poésie que du concret (Le Paysan de Paris)  
 
La poésie, notre poésie se lit comme le journal. Le journal du monde qui va venir (Chronique du Bel canto)  
 
Poésie Ô danger des mots à la dérive (En français dans le texte)  
 
La poésie est le miroir brouillé de notre société. Et chaque poète souffle sur ce miroir : son haleine différemment l'embue (Chronique du bel canto)  
 
PLEURER 
 
Ouvre si tu peux sans pleurer ton vieux carnet d'adresses (Traité du style)  
 
Cesse donc de gémir -Rien de plus ridicule -Qu’un homme qui gémit - Si ce n’est un homme qui pleure (Les Adieux)  
 
REVE 
 
Certains jours, j'ai rêvé d'une gomme à effacer l'immondice humaine. (Extrait du Journal du surréalisme)  
 
Il y a toujours un rêve qui veille (Les yeux d'Elsa) Il est permis de rêver. Il est recommandé de rêver. Sur les livres et les souvenirs. Sur l'Histoire et sur la vie (Préface à la traduction française de Michael Kolhaas)  
 
ROMAN  
 
L'art du roman est de savoir mentir (J’abats mon jeu)  
 
Jusqu’ici, les romanciers se sont contentés de parodier le monde. Il s’agit maintenant de l’inventer (Blanche ou l’Oubli)  
 
L’extraordinaire du roman, c’est que pour comprendre le réel objectif, il invente d’inventer (Les Cloches de Bâle)  
 
La lecture d'un roman jette sur la vie une lumière (Blanche ou l’oubli)  
 
Le roman, c'est la clef des chambres interdites de notre maison (Les Cloches de Bâle)  
 
ROSE 
 
La rose naît du mal qu’a le rosier, mais elle est la rose (Le Roman Inachevé)  
 
SENS  
 
Ma vie n’a plus aucun sens, mais je regarde les autres vivre et ça me fait plaisir(Avec Aragon)  
 
A toute erreur des sens correspondent d’étranges fleurs de raison (Le Paysan de Paris)  
 
SILENCE  
 
Dans la mémoire du silence - Il n’est que le temps de bourreau (Le Crève-cœur)  
 
Le silence a le poids des larmes (Le domaine privé)  
 
C'est en nous qu'il nous faut nous taire (Le fou d’Elsa)  
 
SOLEIL  
 
Le soleil a toujours blessé les yeux de ses adorateurs. (Extrait de la revue La révolution surréaliste - Décembre 1924)  
 
Croire au soleil quand tombe l'eau (Le fou d’Elsa)  
 
SOURIRE  
 
Il n’y a jamais rien de si beau qu’un sourire (Les Adieux)  
 
STYLE 
 
Mon style est comme la nature ou plutôt réciproquement (Traité du style)  
 
SURREALISME  
 
On n’écrira jamais l’histoire du surréalisme parce que c’est une histoire d’hommes(Avec Aragon)  
 
TEMPS  
 
C’est vrai qu’il faut du temps à un cœur pour faire ses preuves - Et que ce n’est guère que battre - Et qu’avoir mal ne prouve rien (Elsa)  
 
Celui qui croit pouvoir mesurer le temps avec les saisons - Est un vieillard déjà qui ne sait regarder qu’en arrière (Le Roman Inachevé)  
 
Ce qu’il m’aura fallu de temps pour tout comprendre - Je vois souvent mon ignorance en d’autres yeux (Le Roman Inachevé)  
 
Compte qui peut le temps perdu (Les Poètes)  
 
L’éternité, l’éternité, laissez-moi compter jusqu’à 10 (Bulletin Dada no 6, matinée du 5 février 1920)  
 
Déjà vous n’êtes plus - Q’un mot d’or sur nos places - Déjà le souvenir -De vos amours s’efface - Déjà vous n’êtes plus - Que pour avoir péri (Tu n’en reviendras pas)  
 
TRAVAIL 
 
C'est par le travail que l'homme se transforme (Article dans l’Humanité)  
 
VIE  
 
C’est un étrange et terrible don que celui de donner la vie (Elsa)  
 
Pas un geste, pas un cillement qui ne m’engage à fond, qui fasse dévier ma vie (Le Libertinage)  
 
Je raconte ma vie comme on fait les rêves au réveil (Blanche ou l’Oubli)  
 
La vie est pleine d'échardes 
Elle est pourtant la vie 
Et cela fait du bien la nuit parfois crier (Les Adieux)  
 
La vie est un voyageur qui laisse traîner son manteau derrière lui, pour effacer ses traces Les Voyageurs de l’impériale)  
 
Le temps d'apprendre à vivre, il est déjà trop tard (La Diane française)  
 
La vie d'un homme, on me permettra cette remarque, n'est pas plus à l'échelle d'une phrase qu'à celle de la critique de cette phrase. Je me révolterai toujours contre tout essai de réduction d'un être vivant à une sorte de mannequin, dont les faits et gestes seraient compréhensibles à la façon des faits et gestes des monarques notés au jour le jour d'après des communiqués officiels (Traité du style)  
 
 
 
 
SOURCES INDEFINIES  
 
Je suis à la roulette de mon corps et je joue sur le rouge. Tout me distrait indéfiniment, sauf de ma distraction même  
 
La lumière de la mémoire hésite devant les plaies.  
 
Au lieu de vous occuper de la conduite des hommes, regardez plutôt passer les femmes  
 
Le monde est rempli de faux témoins  
 
Ce perpétuel mourir qu'on appelle, faute de mieux, le présent.  
 
C'est avec les jeunes imbéciles qu'on fait les vieux cons  
 
Vice : plaisir que l'on n'a pas goûté  

(c) Florence Saillen - Créé à l'aide de Populus.
Modifié en dernier lieu le 1.11.2006
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